samedi 24 décembre 2011

Interview de La Bruyère

Interview de La Bruyère en 1690.

Vous n’aimez pas les railleurs ?

La moquerie est souvent indigence d’esprit.

Quelle est votre conception de l’amitié ?

On ne peut aller loin dans l’amitié, si l’on n’est pas disposé à pardonner aux autres les petits défauts.

Craignez-vous la malchance ?

Oui. A mesure que la faveur et les grands biens se retirent d’un homme ils laissent voir en lui le ridicule qu’ils couvraient, et qui y était sans que personne s’en aperçût.

Le rire est-il le propre de l’homme, comme le pensait Rabelais ?

 Vous savez, Rabelais cultivait une certaine forme d’originalité, ce qui est le défaut des petits esprits... L’inquiétude, la crainte, l’abattement n’éloignent pas de la mort, au contraire : je doute seulement que le ris excessif convienne aux hommes, qui sont mortels.

Seriez-vous stoïcien ?

Souvent. Disons que j’essaye d’avoir le sens du relatif. Par exemple,  l’on craint la vieillesse, que l’on n’est pas sûr de pouvoir atteindre. Il vaut mieux donc tenter de se débarrasser de ces vaines craintes.

Vous n’aimez guère les enfants ?

Les enfants sont hautains, dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimulés. Ils sont déjà des hommes…

Misanthrope alors ?

Parfois. Lucide souvent.

Vous trouvez bizarre l’être humain ?

Nous cherchons notre bonheur hors de nous-mêmes, et dans l’opinion des hommes, que nous connaissons flatteurs, peu sincères, sans équité, pleins de caprices et de préventions : quelle bizarrerie !


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