mardi 31 janvier 2012

Interviews d'outre-tombe dans la Nouvelle République du 31.1.2012 : un bon article de Jean-Michel Gouin

Vienne - Poitiers - Édition
L'ancien prof de français fait parler les morts
31/01/2012 05:38
Enseignant à la retraite, le Poitevin Jérôme Pintoux signe son premier livre chez un éditeur parisien. Ses interviews d’outre-tombe devraient surprendre.
Avec ses interviews d'outre-tombe, Jérôme Pintoux signe un livre original sur l'histoire littéraire de l'Antiquité au XIXe siècle.
Il ne se prend pas pour Bernard Pivot ou Thierry Ardisson, même s'il eut sans doute aimé être ce dernier… Prof de français à la retraite depuis peu, Jérôme Pintoux signe chez JBZ et Cie « Interviews d'outre-tombe, confessions des classiques du Lagarde et Michard ».
Un petit livre original qui fait revivre, de l'Antiquité au XIXe siècle, une soixantaine de grands noms de la littérature, d'Homère à Rabelais, de Molière à Victor Hugo. A travers de courtes interviews fictives, Jérôme Pintoux s'est mué en pigiste littéraire tout en conservant ses habits de pédagogue. « Mon but premier c'était de faire lire et relire des écrivains, si possible avec un peu d'humour. Il n'y a que le titre de morbide. Ici, la littérature fait office de machine à remonter le temps. »
 Pourquoi pas un feuilleton radiophonique ?
On piochera dans ce livre au gré de son humeur. Ces interviews sont brèves, de lecture aisée. Parfois tendres, elles amusent ou adressent des clins d'œil aux auteurs. Exemples. « Charles Baudelaire, on dit que vous avez une excellente mémoire ? J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.. .Arthur Rimbaud, votre dormeur du val a l'air plutôt mal en pont ? Il a deux trous rouges au côté droit. » Avec cet Ovni littéraire, que l'éditeur qualifie à la fois de manuel d'histoire littéraire et d'uchronie (*) Jérôme Pintoux inaugure un genre qui pourrait peut-être faire école. Il avoue disposer d'encore 1.550 interviews inédites. Il souhaiterait faire un tome entièrement consacré au XXe siècle, un autre aux auteurs anglo-saxons. Et puis dire ou faire jouer ses saynètes à la radio, sous forme de feuilleton. En attendant, lisez ce livre, afin de retrouver, à la manière d'un Verlaine, l'écho de « ces voix chères qui se sont tues »…
 (*) Genre littéraire qui repose sur le principe de la réécriture de l'histoire à partir de la modification d'un événement du passé.
pratique
> « Interviews d'outre-tombe, Confessions des classiques de Lagarde et Michard », est publié aux éditions JBZ et Cie. > Disponible dans les magasins Fnac, Cultura et les librairies de Poitiers. Prix public : 14, 50 €. > Jérôme Pintoux participera au festival « Voix publiques » le 23 février prochain, à la faculté des lettres de Poitiers. Il lira quelques-unes de ses interviews avec Bernard Lacoux, du théâtre Ambul' de Saint-Julien-l'Ars.
Jean-Michel Gouin

Nouvelle interview d'Honoré de Balzac pour Séraphita, en 1835.


Interview d’Honoré de Balzac pour Séraphita, en 1834.
Honoré de Balzac, la carte de la Norvège vous étonne-t-elle ?
A voir sur une carte les côtes de la Norvège, quelle imagination ne serait émerveillée de leurs fantastiques découpures, longue dentelle de granit où mugissent incessamment les flots de la mer du Nord ?
On n’y trouve aucune plage ?
Qui n’a rêvé les majestueux spectacles offerts par ces rivages sans grèves, par cette multitude de criques, d’anses, de petites baies dont aucune ne se ressemble, et qui toutes sont des abîmes sans chemins ?
La Norvège vous fait penser à un saumon ?
Ne dirait-on pas que la nature s’est plu à dessiner par d’ineffaçables hiéroglyphes le symbole de la vie norvégienne, en donnant à ces côtes la configuration des arêtes d’un immense poisson ?
C’est un peuple de pêcheurs ?
La pêche forme le principal commerce et fournit presque toute la nourriture de quelques hommes attachés comme une touffe de lichen à ces arides rochers.
Ils sont peu nombreux ?
Là, sur quatorze degrés de longueur, à peine existe-t-il sept mille âmes.
Les fjords sont très escarpés ?
Partout la mer est entrée dans leurs cassures, mais partout les rochers s’y sont diversement fendus, et leurs tumultueux précipices défient les termes bizarres de la géométrie.
Sur leurs flancs poussent des sapins ?
Oui. Des arbres au noir plumage.
Au printemps la fonte des glaces semble impressionnante ?
Certains fiords sont fermés par des blocs de gneiss couronnés de forêts, d’où tombe en cascades une rivière qui à la fonte des neiges devient un fleuve, forme une nappe d’une immense étendue, s’échappe avec fracas en vomissant de vieux sapins et d’antique mélèzes, aperçus à peine dans la chute des eaux.

Propos recueillis par Jerome Pintoux le 30.1.2012.
1640ème interview au brouillon. 1503ème au propre.

lundi 30 janvier 2012

MOTS NOUVEAUX

MOTS NOUVEAUX
Blagounette ; blague pas drôle.
Podcaster : écouter une émission de radio déjà diffusée, en allant sur un site Internet.
Podcastrer : même définition que ce précédemment, tout en empêchant son chat d’avoir des descendants.
Facebooker : lancé par Bernard Pivot, mais il semble que le néologisme ait du mal à prendre. Aller sur facebook.
Geek : adepte des jeux vidéos. Le sens s’est amplifié et généralisé ; quelqu’un qui passe sa vie devant son ordinateur. Prononcer : « guik ».
Booster : relancer, faire progresser. Ce blog devrait re-booster mes ventes (hum…).
Blockbuster :  film qui a du succès mais qui a dû coûter un max de pognon ou de thunes.  Etymologiquement : « qui fait exploser le quartier ». Avatar est un blockbuster.

Bref, j’espère que les geeks vont booster mon blog, facebooker ce qu’ils pensent de mon bouquin et podcaster l’émission de France Culture où l’on entend ma jolie voix.

dimanche 15 janvier 2012

Le blog de Jérôme Pintoux: Les Visiteurs du soir

Le blog de Jérôme Pintoux: Les Visiteurs du soir: DVD Les Visiteurs du soir (M6 vidéo) *** « En 1485, Messire le Diable dépêche sur terre deux de ses créatures pour effrayer les humains »… ...

Les Visiteurs du soir

DVD Les Visiteurs du soir (M6 vidéo) ***

« En 1485, Messire le Diable dépêche sur terre deux de ses créatures pour effrayer les humains »… Ce sont deux ménestrels, Gilles et Dominique (Alain Cuny et Arletty).
Les jeux de l’amour sont diaboliques : ils font souffrir. Mais quand un démon mineur (Alain Cuny) tombe amoureux d’une belle mortelle (Marie Déa), l’orage éclate, le tonnerre gronde, et le diable apparaît sous les traits d’un voyageur soi-disant égaré.
Jules Berry fait son numéro de grand cabotin. « J’aime bien le feu… Voyez comme les flammes sont prévenantes. Elles me lèchent les doigts comme ferait un jeune chien… » Il lâche aussi quelques maximes sataniques : « Les meilleurs d’entre nous se réjouissent du malheur des autres. » Mais arrivera-t-il à réduire en cendres un amour sincère ?
Un de ses démons est tombé amoureux d’une mortelle, qu’il était chargé de désespérer. Le problème, c’est qu’il faut attendre plus de soixante-cinq minutes avant que le Diable ne daigne se manifester, et malgré les dialogues de Jacques Prévert, ça peut sembler un peu long… Ce qui frappe, c’est un certain érotisme dans le jeu d’Arletty. Elle montre ses jambes, s’allonge lascivement sur un lit. On s’étonne que ça n’ait pas été censuré à l’époque.
On ne parle jamais de l’influence de ce cinéma sur la bande dessinée, je le regrette. Les décors des « Visiteurs du Soir » semblent avoir inspiré à Peyo l’ameublement du château du « Lutin du Bois aux Roches », ceux du « Maître de Roucybeuf »,  du « Châtiment de Basenhau », et d’autres aventures de Johan et Pirlouit. La scène du repas et du bateleur a visiblement inspiré « Le pays maudit », le tournoi, on le retrouve dans « La Flèche noire », et même l’habillement du bourreau.
Dans les bonus, Alain Petit parle longuement du fantastique français à l’écran. Cet historien du cinéma évoque les différents âges d’or qu’a connus le genre. D’abord en France, avec Méliès, puis Feuillade, Les Vampires, Fantômas, « Judex » (1917). Ce sont plutôt des fictions policières, mais avec un côté mystérieux. L’Allemagne prend le relais dans les années 20 avec l’expressionnisme. Le phénomène passe aux Etats-Unis à l’époque du krach boursier avec un cinéma gothique (Dracula, Frankenstein), puis revient en France, où il va s’installer une vingtaine d’années, de 1935 à 1955. « Le Golem », de Jean Duvivier, donne le coup d’envoi. Abel Gance en 1937, dans son remake de « J’accuse », fait revenir les morts de la guerre de 14. Ils sortent de leurs tombes pour prévenir les vivants des risques d’un nouveau conflit : c’est le prototype des films de zombies ! « La Charrette fantôme », de Jean Duvivier date de 1939. Pendant l’Occupation, le fantastique français se tourne vers des sujets originaux, dont « Les Visiteurs du soir » de Marcel Carné (1942), avec ses amants changés en pierre et sa rêverie moyenâgeuse. Ce sont souvent des films romantiques, romanesques, oniriques. « La nuit fantastique », de Marcel L’Herbier (1942),  « L’Eternel Retour », de Jean Delannoy qui recycle la légende médiévale de Tristan et d’Iseut, « La main du diable », d’après « La main enchantée » de Gérard de Nerval, réalisé par Maurice  Tourneur en 1943, des superstitions paysannes comme « Goupi mains rouges », de Jacques Becker » (1943).
A la Libération, le genre perdure. Les gens tournent pourtant dans des conditions épouvantables, les coupures de courant sont fréquentes. Ça n’empêche pas Jean Cocteau de signer un chef-d’œuvre, « La Belle et la Bête »,  puis « Orphée » et sa traversée du miroir.
Vers la fin des années 50, en Angleterre, la Hammer va se spécialiser dans la relecture des grands mythes, puis il y aura une sorte d’âge d’or italien (ce qui est contestable et contesté). A l’heure actuelle, si le fantastique reste un genre florissant, c’est en Espagne que ça se passe.    
« Les Visiteurs du soir » version 2009, c’est avant tout un magnifique travail de restauration aux normes du cinéma numérique 2K. Certes, un grand classique, avec un Jules Berry, plus diabolique que le Diable, mais un film, il faut bien l’avouer, extrêmement daté.
A présent il faudrait s’attaquer aussi au « Mort en fuite », restaurer cette comédie d’avant-guerre, avec encore Jules Berry et Michel Simon. Le personnage que joue Michel Simon va être guillotiné pour un crime qu’il n’a pas commis, une farce que deux acteurs sans succès ont montée pour accéder à la notoriété. Jules Berry apparaît au dernier moment et sauve son camarade, mais la rançon de la gloire est bien mince : Michel Simon se retrouve à déchirer les billets à l’entrée d’un music-hall…

Jérôme Pintoux
Le 11.10.9

lundi 9 janvier 2012

Sting

DVD Sting. A Winter’s Night… Live from Durham Cathedral (Deutsche Grammophon) ****

On a déjà chroniqué il y a deux mois le disque d’hiver de Sting. Le ténor a délaissé le rock, mais, franchement, quelle belle reconversion ! En fin de compte, loin d’être une trahison, c’est une nouvelle étape. Ce DVD permet de suivre l’évolution de sa carrière, d’en retrouver la cohérence, la pertinence, bien plus que le CD dont j’ai déjà parlé.

Dans un premier temps, j’avais été désorienté par les compositions si différentes de sa production habituelle, et même si ce sont toujours les quatre même titres que j’écoute en priorité, « If on a Winter’s Night », c’est de loin le disque que j’aurai le plus entendu cet automne et cet hiver, avec les rééditions Joy Division et les premiers New Order. C’est pourquoi je suis passé de deux à quatre étoiles en rédigeant cette chronique.
On voit Sting marcher dans la neige, évoquer l’hiver, les feux de bois, la vie de famille, une saison qui permet de retrouver ceux qu’on aime dans la chaleur du foyer. Puis a lieu le concert dans le cadre majestueux de la cathédrale de Durham. Sur « Soul Cake », Sting s’accompagne d’une simple guitare aux cordes en nylon. L’acoustique de l’église est excellente. Rien de plus important que la qualité d’un local. Cuivres, trompette, trombone, trompes, fiddles (Peter Tickell !) fournissent des contrepoints excellents. Tout se fond dans une riche harmonie.  Les chœurs semblent parfaits. Sting présente chaque chanson, raconte des anecdotes. Dommage que ce DVD ne soit pas sous-titré… « Christmas At Sea », c’est l’histoire d’un jeune marin, un poème de Stevenson. Mais on préférera la version du CD où les chœurs paraissent mieux mis en valeur, plus profonds, rappellent certains rivages celtiques. « Ghost Story » est une histoire de fantôme comme son titre l’indique. Il y a même quelques instrumentaux avec des violons rustiques fort bien joués, comme « Team Spirit », « New Rigged Ship », des rythmes endiablés. Les gens ont dû avoir envie de danser dans l’église ! Les deux violonistes sont vraiment extraordinaires (Kathrynn Tickell et Peter Tickell), des virtuoses, mais pas seulement des virtuoses : de vrais musiciens qui savent rendre toute la magie de la musique celte.
La version DVD de « The Burning Babe » m’a semblé moins enlevée, moins rock que celle du CD, avec fiddles et percussions orientales ou africaines, bongos. C’est dans la veine des meilleurs morceaux de Police, mais imaginez un Police qui serait devenu celtique et se serait intéressé au répertoire des Pogues pour le jouer non pas dans une taverne mais dans une cathédrale. Le ténor reprend aussi des chants traditionnels, du Bach, du Purcell, du Praetorius, du Schubert. La version DVD de « The  Hounds of Winter » (qui figurait déjà sur « Mercury Falling ») est tout simplement magistrale, avec Kathryn Tickell à la petite cornemuse (« Northumbrian Smallpipes »).  Ça m’a rappelé une visite chez un facteur de cornemuses cet été à Edimbourg.
Voici un beau DVD quatre étoiles, comme on aimerait en voir plus souvent, avec de vrais musiciens, authentiques et sans frime, sans look tapageur tenant lieu de créativité. Chapeau, Monsieur Sting ! « Les meutes de l’hiver » rejoignent la meute errante des souvenirs. Mais dans quelles forêts chassent-elles ? Et derrière quels gibiers courent-elles ?

Jérôme Pintoux
15.1.2010

A ranger à côté des CD «  If on a Winter’s Night » et  « Songs From The Labyrinth ».

dimanche 8 janvier 2012

piqûre de rappel

77 interviews fictives

Interview fictive de Nicolas Sarkozy en visite à Domrémy, exclusive mais un peu inventée


Interview fictive de Nicolas Sarkozy, exclusive mais un peu inventée…
Monsieur le Président, le roi Charles VII a-t-il rendu hommage à Jeanne d’Arc après son exécution ?
Oui. Le plus beau, le plus grave et le plus fécond des voyages qu’on ait fait au pays de Jeanne, à part le mien bien sûr, demeure celui du roi Charles VII. Treize années après le drame de Rouen, il vint à Domrémy avec beaucoup de chevaliers, les anciens compagnons de guerre de Jeanne : Dunois, Xaintrailles, Guéant, alors jeune chevalier, J***, encore chevelu, François B*** déjà binoclard,  François F***, déjà couleur de muraille,  Xavier B***, déjà bouffi, et ce Robert de Baudricourt, par qui d’abord elle avait été mise en selle. 
Ses parents étaient-ils encore vivants ?
Le père de Jeanne était mort de douleur, semble-t-il ; sa mère, retirée à Orléans où les bourgeois lui faisaient une pension. A peine le SMIG…
Le roi se posait mille questions ?
Le prince chétif et sujet aux scrupules que Jeanne avait trouvé dans Chinon, inquiet de savoir s’il était devant Dieu l’héritier légitime du trône, se demandait maintenant s’il avait été conduit à Reims par une sorcière. Voilà d’ailleurs, à mon sens, ce qui explique le mieux qu’il n’ait rien fait pour sauver Jeanne : puisqu’elle avait été prise, c’est que Dieu la rejetait. Les années, en s’accumulant, n’avaient pu le rassurer. Il est permis de croire qu’il voulut connaître sur place l’opinion des compatriotes de Jeanne, de ceux qui l’avaient vue naître, grandir, prier et qui savaient si elle était de Dieu ou du Diable ou du Front National. Je me pose d’ailleurs les mêmes questions, vous savez…
Puis il a cherché à la réhabiliter ? Il y avait tout intérêt ?
C’est à Domrémy que le roi Jean-Marie prépara le fameux procès de réhabilitation – double réhabilitation de la pucelle et de la couronne de France -, où l’on vit plus tard défiler trente-quatre braves gens de la vallée, villageois, prêtres, bourgeois, hommes d’armes, et les petites compagnes de Jeanne enfant : Hauviette, Mengette, Isabellette, Mariette, Valériette, Christinette, Jeannette, Nathaliette, Nadinette, Roselynette, toutes déjà imbues d’elle-mêmes.
Avez-vous visité la maison de la Pucelle ?
Oui, la maison de ses parents et la chambre basse, dont la faible lucarne s’ouvrait jadis sur le cimetière.
Etes-vous allé dans sa forêt ?
J’ai gravi derrière elle le chemin du Bois-Chenu où ses ennemis l’accusaient d’avoir formé son dessein avec l’appui des dames fées et du sympathique Bruno M***, un peu tombé dans les choux depuis. Sous ces arbres assez maigres et chargés de gui celtique, je n’ai pas entendu son destin, mais du moins les oiseaux de janvier.
Il y a un certain syncrétisme dans toute cette histoire ?
Nous voyons agir en elle, à son insu, les vieilles imaginations celtiques. Le paganisme supporte et entoure cette sainte chrétienne. Fontaines duidiques, ruines latines, vieilles églises romanes, jeunes loups de l’UMP, c’est un beau concert, là-bas, dont je ne sais rapporter qu’un trop froid compte rendu.
Il me semble, Monsieur le Président, que dans vos réponses, vous vous soyez inspiré de Maurice Barrès ?
Oui, comme la colline… On ne s’inspire jamais assez des vrais patriotes
Monsieur le Président, les hallucinations de Jeanne d’Arc vous ont-elles marqué ?

L’originalité de la Pucelle ne fut pas dans ses visions. Qui n’en avait au moyen âge ? Toutes les provinces ont leurs inspirés. C’est un petit berger qui sue du sang aux saints jours. C’est une bergère qui se croit présidentiable. C’est un prof qui veut réduire la Dette. C’est un facteur qui se prend pour un dangereux révolutionnaire.

Jeanne a connu Gilles de Rais, le prototype de Barbe-Bleue ?…

Evidemment pour Gilles de Rais Jeanne était inintelligible. Comment se serait-il intéressé au sort d’un peuple ?

Pourtant Gilles de Rais n’était pas né à Neuilly ?

Qu’osez-vous insinuer ? Je suis allé en vacances à Pontaillac, j’ai même joué avec des fils de campeurs, et je n’ai pas dérogé.

Vous n’aimez pas le moyen âge ?

C’est mon plus grand ennemi, François H*** non compris ! J’ai avalé trop de fléaux, trop de vipères, trop de Villepin et trop de rois.

On sent que vous avez lu Michelet ?

Pas directement, mais mes collaborateurs, peut-être.

mardi 3 janvier 2012

Coffret Jethro Tull

Jethro Tull. Anniversary  4CD BOX Set. 25th Anniversary (Chrysalis).

Mini bio
Jethro Tull, c’est Ian Anderson (chant et flûte). Martin Barre (guitare). John Evan (orgue et piano). Jeffrey Hammond-Hammond (basse). Clive Bunker (percussions). Au début, Jethro Tull est apparu comme un groupe de blues, fin 1968, quand le british blues battait son plein, mené par John Mayall, Fleetwood Mac, Chicken Shack et consorts. Mais bien vite, ce fut tout autre chose. « Living in The Past » fut un tube pop au début de l’été 69, et, sur leur second album ils reprenaient du Bach à la flûte traversière. Puis il y eut le génial « With You There To Help Me » sur Benefit, et Jethro Tull se sentit aussi à l’aise dans le rock prog que dans le blues ou le hard rock (« Locomotive Breath »). Ian Anderson avait une sacrée personnalité.

Contenu
Quatre beaux CDs, un best of, un concert de 1970, un autre album live enregistré aux quatre coins du mode et au fil des années.
Sur la compilation, on retrouve les chansons classiques, remixées. Ce sont les bons vieux blues du début qui ont peut-être le mieux vieilli, « My Sunday Feeling », « A Song For Jeffrey », des extraits de This Was, ce grand album, où on voit les musiciens grimés en vieillards, entourés de chiens. Anderson joue de la flûte dans un contexte bluesy. Mais le vrai Jethro Tull apparaît peut-être sur « Living in The Past ». Celui-là, ce single, je me l’étais acheté fin juin 1969 le jour où j’avais eu mon bac.
On écoutera aussi « Teacher », « Sweet Dream », « Cross-Eyed Mary » (extrait du prestigieux Aqualung, leur chef-d’œuvre de 1971), « Bungle in the Jungle », « Minstrel in the Gallery » (dont j’aime tant la pochette, moyenâgeuse)…
Le second CD a été enregistré live à NYC au Carnegie Hall en 1970. On s’attardera sur « Nothing is Easy », « My God » et sur le génial « With You There To Help Me », même si le chant en est un trop maniéré. « In days of peace… Sweet smelling summer nights of wine and song… Why I am crying I want to know »… De toute façon, Jethro Tull, c’est toujours intéressant, c’est de la vraie musique de jadis.
Le troisième CD, intitulé « The Beacons  Bottom », présente des enregistrements de novembre 1992, des relectures de leurs grands classiques (« Living in the Past » à l’harmonica…), une « Bourée » un peu trop crachouillée à mon goût, « So Much Trouble », « Someday The Sun Won’t Shine For You », « Aqualung ». Ian Anderson y est, comme toujours, étonnant de dextérité et de virtuosité (peut-être trop, parfois il est saoulant). Il a dû être musicien de Hameln dans une autre vie. C’est lui qui a noyé les rats et les enfants, j’en suis sûr.
Le 4ème CD, intitulé en français “Pot pourri” est un « live across the world and through the years ». “Passion Play” a été enregistré à Paris, “Back to The Family” à Stockholm, “Budapest” en Suisse, “Passion Jig” a Chicago…

Livret
A l’occasion du 25ème anniversaire du groupe, Chrysalis a sorti en 1993 ce magnifique coffret en forme de boîte à cigares. Ce qui m’a semblé le plus intéressant, ce sont les photos de tous les musiciens qui ont joué dans Jethro Tull, je dis bien tous : le génial Ian Andreson, Mick Abraham (qui devait fonder Blodwyn Pig un groupe de british blues rock, vite devenu culte… Ahead Rings Out avec le goret aux lunettes de soleil), Glen Cornick (au look affreusement hippie), Clive Bunker (moustaches en croc, à la Zappa), Martin Barre, John Evan, Jeffrey Hammond-Hammond, Barriemore Barlow, John Glascock (un bassiste), David Palmer, Tony Williams, Dave Pegg, Mark Craney, Eddie Jobson, Gerry Conway, Paul Burgess (batterie), Doane Perry (percussions), Peter Vettese (clavier), Don Airey (clavier), Martin Allcock (clavier), Andy Giddings (piano), Dave Mattacks. Je crois que je n’ai oublié personne ?

Critique
On l’a compris, des enregistrements qu’on ne trouvera nulle part ailleurs, même si on préfère les enregistrements originaux. Ah, “With You There To Help Me” sur Benefit, quelle merveille ! Inégalée. Benefit ? Bien sûr que je me le suis racheté. « Je vais revenir vers ceux que je connais… Pourquoi je pleure, je veux savoir… ». Et Aqualung donc... Mais mon préféré, c’est peut-être Heavy Horses… Putain, la première face… Mais plus personne ne parle plus de Jethro Tull, ils ne sont plus à la mode, ils ont une réputation de vieux hippies pénibles…Quelle tristesse…
Des hasards inconnus m'avaient plongé sur la route de Bath. Un vieil ami aujourd’hui disparu m'avait dit : « Il y a un festival génial à Bath au pays de Galles. Faut qu'on y aille !!! » On était deux petits gars pas bien délurés, on voulait juste écouter du blues, et, si possible, anglais. Nous arrivâmes enfin au Pays des Merveilles. Jean-Noël s'extasiait devant tout, les filles en mini-jupes, le thé, les tablettes de chocolat Cadbury, les cabines téléphoniques, les couves du Record Mirror, du NME, du Melody Maker, les photos d’Ian Anderson, avec ses bottes de berger viking... Cette Angleterre-là, bien sûr, elle était mythique. Elle était située bien au-delà des mers du Moyen Age, perdue sur des cartes inconnues, avec des sirènes, des dieux marins avec des grattes, des orgues, des tridents, chevauchant des dauphins, à l'autre bout du monde. Bien plus loin que vos Indes, que la Californie.

dimanche 1 janvier 2012

Bilan de l'année 2011

Bilan 2011.
Les trois livres de l’année, mais pas forcément sortis en 2011 :
-Jacques Brenner, Rue des Saints-Pères (Journal, tome IV, chez Pauvert).
-Michka Assayas, Faute d’identité (Grasset, 2011).
-Boulgakov : Le roman de Monsieur de Molière (livre de poche).
(en 2010 : Robert Charles Wilson, A travers temps (récit de science-fiction, uchronie).
Film : La Planète des singes (The Rise of the Planet of the Apes).
CD : Last night on earth (Elysian Fields)
Chanson : chandeliers (Elysian Fields)
Flop de l’année : le sabordage de Brazil et de Xroads.