lundi 9 janvier 2012

Sting

DVD Sting. A Winter’s Night… Live from Durham Cathedral (Deutsche Grammophon) ****

On a déjà chroniqué il y a deux mois le disque d’hiver de Sting. Le ténor a délaissé le rock, mais, franchement, quelle belle reconversion ! En fin de compte, loin d’être une trahison, c’est une nouvelle étape. Ce DVD permet de suivre l’évolution de sa carrière, d’en retrouver la cohérence, la pertinence, bien plus que le CD dont j’ai déjà parlé.

Dans un premier temps, j’avais été désorienté par les compositions si différentes de sa production habituelle, et même si ce sont toujours les quatre même titres que j’écoute en priorité, « If on a Winter’s Night », c’est de loin le disque que j’aurai le plus entendu cet automne et cet hiver, avec les rééditions Joy Division et les premiers New Order. C’est pourquoi je suis passé de deux à quatre étoiles en rédigeant cette chronique.
On voit Sting marcher dans la neige, évoquer l’hiver, les feux de bois, la vie de famille, une saison qui permet de retrouver ceux qu’on aime dans la chaleur du foyer. Puis a lieu le concert dans le cadre majestueux de la cathédrale de Durham. Sur « Soul Cake », Sting s’accompagne d’une simple guitare aux cordes en nylon. L’acoustique de l’église est excellente. Rien de plus important que la qualité d’un local. Cuivres, trompette, trombone, trompes, fiddles (Peter Tickell !) fournissent des contrepoints excellents. Tout se fond dans une riche harmonie.  Les chœurs semblent parfaits. Sting présente chaque chanson, raconte des anecdotes. Dommage que ce DVD ne soit pas sous-titré… « Christmas At Sea », c’est l’histoire d’un jeune marin, un poème de Stevenson. Mais on préférera la version du CD où les chœurs paraissent mieux mis en valeur, plus profonds, rappellent certains rivages celtiques. « Ghost Story » est une histoire de fantôme comme son titre l’indique. Il y a même quelques instrumentaux avec des violons rustiques fort bien joués, comme « Team Spirit », « New Rigged Ship », des rythmes endiablés. Les gens ont dû avoir envie de danser dans l’église ! Les deux violonistes sont vraiment extraordinaires (Kathrynn Tickell et Peter Tickell), des virtuoses, mais pas seulement des virtuoses : de vrais musiciens qui savent rendre toute la magie de la musique celte.
La version DVD de « The Burning Babe » m’a semblé moins enlevée, moins rock que celle du CD, avec fiddles et percussions orientales ou africaines, bongos. C’est dans la veine des meilleurs morceaux de Police, mais imaginez un Police qui serait devenu celtique et se serait intéressé au répertoire des Pogues pour le jouer non pas dans une taverne mais dans une cathédrale. Le ténor reprend aussi des chants traditionnels, du Bach, du Purcell, du Praetorius, du Schubert. La version DVD de « The  Hounds of Winter » (qui figurait déjà sur « Mercury Falling ») est tout simplement magistrale, avec Kathryn Tickell à la petite cornemuse (« Northumbrian Smallpipes »).  Ça m’a rappelé une visite chez un facteur de cornemuses cet été à Edimbourg.
Voici un beau DVD quatre étoiles, comme on aimerait en voir plus souvent, avec de vrais musiciens, authentiques et sans frime, sans look tapageur tenant lieu de créativité. Chapeau, Monsieur Sting ! « Les meutes de l’hiver » rejoignent la meute errante des souvenirs. Mais dans quelles forêts chassent-elles ? Et derrière quels gibiers courent-elles ?

Jérôme Pintoux
15.1.2010

A ranger à côté des CD «  If on a Winter’s Night » et  « Songs From The Labyrinth ».

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