vendredi 3 février 2012

Coffret « Regards sur le cinéma nord-coréen » (Wild Side) **

Coffret  « Regards sur le cinéma nord-coréen » (Wild Side) **
Ce coffret réunit quatre films sur le cinéma d’un des pays les plus mystérieux, l’un des plus fermés à l’occident. Mais il est des mystères qui cachent parfois bien des banalités.
Le Journal d’une jeune nord coréenne, c’est de loin le plus moderne du lot. Il date de 2006, mais, d’après les tenues vestimentaires, on dirait un film des années 60. Une étudiante se révolte contre son père. Le réalisateur (JANG in-hak) insiste sur le quotidien de la jeune fille. Cette histoire a quelque chose d’émouvant, de prenant. On partage l’intimité d’une famille, ses peines, ses joies. Le père n’est jamais là : il exerce un travail énigmatique dans une usine. La mère, une bibliothécaire, passe ses nuits à traduire des ouvrages qui serviront à son mari… On la voit qui s’endort sur ses livres…
Le film le plus ancien, La fille aux fleurs, date de 1972. C’est une histoire de résistance. Une petite fleuriste vit dans la pauvreté et sa famille aussi. Elle se révolte contre les Japonais et les aristocrates coréens, de mèche avec les envahisseurs. Il s’agit d’un film réalisé par PARK Hak et CHOI Ik-kyu.
La légende de Chunyang date d’une trentaine d’années (1980) : une fresque historique, qui se passe au XVIIIème siècle. Au début, on songe vaguement au Manon Lescaut, de l’Abbé Prévost, au chevalier Des Grieux tombant sous le charme de Manon, la belle catin. Un aristocrate tombe amoureux de la fille d’une geisha, un peu comme si, en Occident, un prince avait un coup de foudre pour la fille d’une prostituée. Le système des castes est terrible. Leur amour est mal vu, proscrit. Le jeune homme est obligé de partir : son souverain l’appelle à la cour. La jeune fille reste seule, mais des gens corrompus la courtisent… Saura-t-elle leur résister ? Le spectateur lui même saura-t-il résister ? Surtout à l’ennui que distille ce film qui dure tout de même 2 heures 26… Ce long métrage a été tourné par YOO Won-jun, en collaboration avec YOON Ryong-gu. Une œuvre délicate. Hélas, cette délicatesse n’est pas dépourvue d’une certaine mièvrerie qui peut la rendre ridicule ou du moins difficile à accepter à nos yeux d’Européens.
Quant au Calice (1987), c’est une œuvre rouge : deux amoureux sont obligés de se séparer à cause de leurs divergences idéologiques. Pire que les clivages esthétiques, les clivages politiques. L’homme veut réussir en tant qu’architecte : ce n’est sûrement qu’un sale petit bourgeois… Il mériterait d’être mis dans un camp de travail, cette espèce d’artiste prétentieux… On devrait l’obliger à bêcher la terre, cet esthète décadent… Sa fiancée, plus modeste, préfère rester au village. On évoque l’exode rural et la désertification des campagnes. Mais si vous vous êtes déjà égaré dans la Vienne ou n’importe où dans l’Indre ou dans la Creuse, vous aurez une sensation de déjà vu. Un film réalisé par JO Kyungsoon, sous contrôle politique évident. Big Brother a parfois les yeux bridés.
Ce coffret est disponible depuis le 1er décembre 2010, au prix de 29.99 euros. Les masters ont été restaurés. Ces quatre films sont sous-titrés. Le charme et la délicatesse de certains sont indéniables (Le Journal d’une jeune nord-coréenne).
Jérôme Pintoux Le 28.11.10.

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