lundi 27 juillet 2015

The Stranglers. Golden Brown.


The Stranglers. Le clip de « Golden Brown »
 

« Golden Brown » date de février 1982. Le director en est Lindsey Clennel. C’est un vidéaste qui avait déjà travaillé avec les Stranglers, pour « No More Heroes » et « Who Wants The World ? » en 1980. On lui doit également deux autres clips de 1982, « La Folie » en mai, et « Strange Little Girl », en août.

 
« Golden Brown », c’est une drôle de chanson, douce et langoureuse, un peu perverse : il s’agit d’un hymne indirect, déguisé, à l’une des substances les plus nocives et pernicieuses qui soit : l’héroïne. C’est donc une chanson hédoniste de junkie. Or, dans le clip il n’y a aucune référence à la drogue. On voit les musiciens en égyptologues un peu mous, ce qui brouille les pistes. Une charge émotionnelle très forte se dégage de cette mélodie, de la voix suave de Cornwell. On pourrait croire qu’il s’agit d’une rêverie sur Isis, la déesse-mère. Il n’en est rien. Le texte est volontairement crypté, codé, énigmatique. « Golden Brown », « Mordoré », c’est la couleur du sphinx, celle du désert, celle des pyramides, du coucher du soleil. Le soleil aveugle les Stranglers, déguisés en archéologues des années 30. Les chameaux, au loin, passent au ralenti. Le clip semble plus abordable que les paroles. Il paraît même un peu narratif (chose rare) : des égyptologues ont l'air à la recherche d’un tombeau ou d’un trésor, ou du moins ils sont outillés pour : on voit une carte, une boussole, un compas, une photo du sphinx. Comme si le « trésor » était en rapport avec le sphinx de Gizeh. Hugh Cornwell par son attitude rêveuse et pensive, détachée, loin de tout, est légèrement valorisé par rapport aux autres musiciens. Jean-Jacques Burnel joue de la contrebasse en hochant volontairement la tête. Jet Black se comporte comme un automate qui jouerait de la batterie ou comme un archéologue qui ne supporterait pas les conditions climatiques, on le voit s’éponger avec son mouchoir. Il y a pas mal d’humour là-dedans, peut-être pour contrebalancer le sérieux un peu austère et vaguement malsain des paroles, volontiers hermétiques. Dans le texte, l’allusion à L’Odyssée d’Homère, à la légende d’Ulysse attaché au mât pour écouter les sirènes et leur résister, semble évidente. Mais ici c’est la femme, la sirène, qui est attachée au mât, à la place de l’ingénieux Ulysse… Bref, les Stranglers ont un certain goût pour le détournement, voire la mystification.

Les textures mordorées – non moins que le soleil

Me laissent à mes rêveries

Qui voguent tout au long de la nuit

Pas de combats superflus

Jamais contrarié avec Mordorée

A chaque fois comme si c’était la dernière

Sur son navire, attachée au mât,

Elle me prend par la main pour de lointaines contrées

Jamais contrarié avec Mordorée

Modorée, raffinée, tentatrice

Au cours des âges met le cap vers l’ouest

Vient de très loin

Reste un seul jour

Jamais contrarié avec Mordorée.

Les Hommes en noir tournent toujours, même si Cornwell et son rat noir ont depuis longtemps quitté le navire.
 
EXTRAIT DE MON OUVRAGE OLD WAVE COLD WAVE NEW WAVE.

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