dimanche 2 août 2015

Dominique A. Eléor (2015)


 

Dominique A.      
Eléor

Wagram Music (2015)

Dans "Cap Farvel", les couples sont éphémères : "L'un à l'autre accrochés, comme on s'accroche au rêve / Dont on sait en dormant qu'il va nous échapper." Des alexandrins bien construits. Des allusions à la mythologie : "Neptune, Eole ou bien Gaïa." Une histoire de suicide un peu trop romantique : "D'un même rocher, un jour, ils ont plongé."

"Par le Canada" évoque un ami disparu qui rêvait d'aller au Québec et n'y est jamais allé. Le chanteur se pose bien des questions : "D'où lui venait ce goût qui ne s'expliquait pas  ? / Et rien que des photos que ses yeux ont usées, / Lui qui ne bougeait pas et préférait rêver / Du Canada." Dominique A en tire une leçon : "Il y a des rêves qui ne meurent pas, / Qu'on vous repasse / Et qui vous restent les bras, / Qui vous dépassent, / Il y a des rêves qu'on ne refuse pas." Le narrateur s'est donc emparé de ce rêve et a fait ce pèlerinage à la place de l'ami d'autrefois : "Des bords du Saint-Laurent à Downtown Ottawa, / Depuis un mois je ne fais que marcher, / Et mes yeux sont ses yeux et les pas sont ses pas."

Dans "L'Océan", Dominique A essaie de retrouver la force et la puissance du vieil Hugo, mais sa voix est toujours aussi feutrée, effacée : "On l'entendait de loin s'écraser contre terre, / Ecumer de colère d'être ainsi rejeté, / Au pied des pauvres dunes, sur d'indignes rochers, / Lui pourtant si puissant, pourtant si volontaire." Une strophe bien carrée, avec des rimes embrassées, une  vraie science de la prosodie, une technique bien maîtrisée. Les enfants d'autrefois voyaient l'océan comme un être redoutable : "On courait sur les dunes et il apparaissait, / Et parfois il daignait nous couvrir d'écume, / Un de ces jours bleu gris où sa colère montait." L'expression "enfants d'Eole" semble venir indirectement de La Fontaine (Le Chêne et le Roseau) et l'oxymore "douce violence" rappelle un vieux titre de Johnny Hallyday. L'océan a des vertus thérapeutiques : "Dès qu'on entrait en lui, il noyait nos peines."

"Semana Santa" est plein jusqu'à ras bord de galions et de conquistadors : "Les vagues remuaient des histoires anciennes / Où des bateaux gavés d'or hantaient l'océan." 

 

Parfois de beaux alexandrins, d'une belle facture classique, mais cela suffit-il pour faire de bonnes chansons si ces vers ne sont pas habités ? C'est un fantôme fragile qui semble les chanter.

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