samedi 22 août 2015

Mylène Farmer. Monkey Me (2012)


L'ambiance y est moins gothique que par le passé. Pourtant les paroles semblent toujours aussi sinistres, angoissées : Mais où va le monde ? Mais où est ma tombe ? Mais que devient le monde ? Un tout qui s'effondre. Un rossignol lugubre. La mort individuelle se confond avec l'apocalypse généralisée (après elle, le Déluge ?), Inévitable naufrage, Je sais bien pourquoi la lune n'a plus le même éclat ("Tu ne le dis pas").

Sensuelle et sans illusion, c'est une Anna de Noailles new look. La poétesse de la Belle Epoque écrivait déjà : Mais vous, force des nuits, feu d'argent, tubéreuse, Reine des soirs puissants, cœur profond, chair heureuse, Dont le velours est fait de parfums condensés, Vous, par qui le poumon, soudain, s'enfle et se creuse. Ne dirait-on pas du Mylène Farmer, et jusque dans la scansion ? Rajoutez par-dessus la mélodie des "Regrets", vous verrez le résultat. Pierre Benoit disait de la comtesse femme-poéte : Rimes plates d'abord, puis quand les nerfs sont suffisamment ébranlés, un feu d'artifice déchirant de rimes embrassées. Je n'oublierai jamais la secousse nerveuse que me produisit, sous ce ciel embaumé d'Orient, l'énumération des fleurs aux parfums trop lourds, couronnés par l'évocation à leur belle reine, d'un sensualisme oppressé impossible à exprimer. Un texte quasi prémonitoire, évoquant, dirait-on, la belle Mylène, désenchantée.

Un album néo-disco, "madonnesque", si l'on nous permet ce néologisme, des morceaux qu'il faut écouter au casque pour en saisir les nuances, les saveurs, les subtilités. Si l'on se contentait de les entendre de loin, en bruit de fond, dans le premier hyper venu, on n'en verrait que les grandes lignes, les facilités : ils méritent une autre approche, plus attentive, plus concentrée.

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