dimanche 15 novembre 2015

XTC. English Settlement (1982)


English Settlement (1982)

C’est l’album du repliement sur soi. Retour aux racines anglaises. Partridge renonce à la scène et se consacre à l’écriture. A trop tourner, on perd son âme. Les dessins préhistoriques de la pochette : le cheval de l’âge de pierre, effilé, stylisé et malingre, souple et nerveux comme un Giacometti. L’album s’inscrit dans le regain de celticité qui sévit en Angleterre en 1982. Souvenez-vous de la pochette d’Avalon, de Roxy Music, avec cette femme casquée tenant un petit faucon, ou du « Celtic sound » des Kevin Rowland Dexys Midnight Runners, musiciens des rues. Un revival éphémère.

Sur « Senses Working Overtime », l’identification de Partridge à Lennon (défunt) est assez frappante, jusqu’à la tenue vestimentaire. « Je peux voir, entendre, sentir, toucher et goûter, et j’ai un deux, trois, quatre, cinq sens qui font des heures supplémentaires, et les cloches de l’église tintent doucement ». Poésie rurale, calme, sensuelle, sereine, dominicale.

« Jason And The Argonauts »

Ce sont des rêveries sur la mythologie, la réactualisation d’un vieux mythe grec. Que seraient donc les Argonautes si Orphée n’était pas sur la nef Argo ? Un ramassis de pirates de la « Mer Noire » partis pour voler la Toison d’Or. « Oh, ma tête tourne, elle est pleine des bêtes que j’ai vues. Il me semble que plus je voyage, plus je trouve des poissons bizarres dans mes filets, comme Jason et les Argonautes en avaient pêché. Je suis allé dans un pays où les hommes obligent les femmes à cacher leur beauté. Mais ici, en occident, c’est exactement pareil. Elles se maquillent, ça leur sert de voile ». Des réflexions narquoises, à la Swift ou à la Lennon. « Et le vent des mensonges a soufflé et a gonflé mes voiles ». Les paroles collent à l’actualité. Les hommes-animaux, en anglais manimals, c’est un mot-valise à la H.G. Wells (L’île du Docteur Moreau). L’histoire de la femme écarlate est une référence à l’Apocalypse de Saint Jean. Dylan l’évoque aussi dans « Jokerman » sur Infidels.
 
EXTRAIT de mon livre sur les années 60, 70 et 80, OLD WAVE COLD WAVE.

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