Mummer (1983)
On retiendra essentiellement « Wonderland ». Les
guitares ponctuent de leurs miaulements cette douce chanson de Moulding.
Dommage que le chanteur force un peu trop sa voix. Harrison avait parfois ce
problème. Sa voix n’était pas assez forte. C’est pourquoi George Martin l’avait
mis en retrait. George en devint ombrageux.
« Wonderland » c'est un peu Lewis Carroll revu par
des Beatles New Wave ?
Ce serait trop caricatural d’énoncer les choses ainsi, même si des guitares
style Harrison se font reconnaître au passage. Dans le clip promo, une
jeune fille danse avec Moulding. Il y a un fondu enchaîné : la robe se
transforme en tutu. La nouvelle Alice se retrouve en robe de petite fille avec
des manches ballon. Elle danse dans les champs, puis dans un labyrinthe végétal
(comme dans le Shining de Stanley
Kubrick). Partridge, habillé en jardinier, peint des
roses. Il en offre une à la nouvelle Alice. Elle trouve une quantité de lapins
blancs, n’arrive plus à trouver l’issue du labyrinthe, se perd dans un dédale
de haies. La nuit tombe. Une apparition monstrueuse : des armatures de
mannequins chevalins, assez anxiogènes. Alice rencontre le bébé-cochon et le
chat du Cheshire, avec son sourire étrange, ses yeux lumineux comme des phares.
Puis on la voit prostrée au fond du labyrinthe. Elle tombe dans une piscine.
Comme Ophélie, elle flotte au gré du courant. Des jardiniers, munis de
cisailles, taillent dans la haie une statue végétale figurant la jeune fille.
On la voit ensuite flottant dans la piscine, dont les eaux, un peu glauques,
ressemblent à celles d’un marécage. « Float
on a river for ever and ever, Emily »
disait déjà Syd Barrett.
C’est une de ces chansons anglaises sur ces adolescentes qui
ont du mal à trouver leurs marques. Une chanson sur le monde de l’enfance, les
difficultés du passage à la vie adulte. Les paroles évoquent doucement ses
inhibitions : « Un jour tu vaincras tes peurs, tes malédictions ». Et tu te retrouveras au pays des Merveilles. On y parle de
blocage en voie de résolution. Le temps est un grand maître, dit-on… C’est la
grande tradition des adolescentes mal dans leur peau. Le clip est peut-être trop
référentiel pour être onirique...
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